Des rituels qui réunissent la religion chrétienne et le paganisme
Par leur forme, mais aussi parce que certains étaient le lieu de pratiques destinées aux femmes ne pouvant
avoir d'enfant, les menhirs ont longtemps été considérés comme des symboles phalliques.
Des femmes ne parvenant pas à enfanter allaient se frotter le ventre contre un menhir, comme par exemple celui
de Kerampeulven, à Berrien dans le Finistère.
Si les vertus curatives de l'énergie sont universelles, il semble judicieux de penser que cette spécialisation
a vu ses effets se renforcer par les milliers de pratiques et prières dont ces menhirs ont fait l'objet, un principe
identique à celui des fontaines réputées guérir des maladies spécifiques.
Un exemple parmi d'autres, les femmes stériles de la région de Locronan dans le Finistère se rendaient sur la
chaise de Saint-Ronan, appelée Ar Gazeg Ven, la Jument de Pierre, un bloc de granite mégalithique sur lequel elles
s'assayaient après en avoir fait le tour, et qui possède la vertu d'exaucer les demandes d'enfantement.
Cette pierre de "culte païen" est intégrée à la Troménie, une procession qui rassemble plusieurs milliers de
personnes tous les trois ans pour la petite Troménie, et six pour la grande.
Tout aussi étonnant est le menhir épargné lors de la construction de la chapelle au XVIème siècle, qui se dresse
à quelques mètres de l'entrée de la chapelle de Samson à Pleumeur-Bodou, où les femmes en mal d'enfant venaient se
frotter contre cette "pierre païenne", dans l'espoir de favoriser une grossesse.
Les dolmens, une représentation de la matrice de la Terre-Mère
Lorsqu'on envisage les dolmens comme des lieux d'initiation, on comprend la raison pour laquelle il n'y
a pas d'autres ouvertures que l'entrée.
L'absence de lumière étant primordiale pour que l'on puisse se glisser à l'intérieur plongé dans l'obscurité.
On entre courbé, parfois rampant, à l'intérieur au sein duquel on est faute de place amené à prendre la
position du foetus, on reste un certain temps, peut-être une nuit, pour trouver sa propre lumière intérieure,
devenu homme ou femme, on ressort ensuite du dolmen face au soleil levant, à l'est.
Lors d'un rituel, il est nécessaire que le corps physique accompagne le cheminement de l'esprit pour provoquer
l'initiation, une symbolique corporelle de naissance, fortement accentuée par le fait que l'espace interne du
mégalithe possède les proportions d'une matrice maternelle.
Les dolmens où l'on accède en suivant un couloir, parfois très long et plus bas que la salle dans laquelle
il conduit sont nombreux, cette architecture mégalithique étant justifiée par une destination de symbolique
matricielle.
De menhirs en clochers, de dolmens en chapelles...
Beaucoup de chapelles ont été construites sur l’emplacement où se trouvait un dolmen, puisque c'est la structure
du lieu qui en a déterminé l'implantation.
Les clochers des églises possédant la même fonction d'antenne qu'avaient les menhirs.
Nombreux sont les sites où l'on peut encore déceler l'ancienne présence d'un mégalithe, par exemple en
Haute-Loire, la chapelle Saint-Michel située en haut du dyke du Puy-en-Velay, à l'intérieur de laquelle se
trouve l'ancienne table du dolmen auquel elle a succédé.
L'autel de la chapelle de Saint-Tréjan à Primelin, a lui été réalisé avec la table du dolmen qui occupait
auparavant le lieu, posée sur quatre colonnes.
Le bel autel en bois de style Louis XV de la chapelle Saint-Maurice à Saint-Guyomard dans le Morbihan,
recouvre et cache l'ancien autel "païen" d'époque mégalithique, qui est encore visible à l'extérieur
derrière le chevet d'où il ressort en partie, les riverains y venant toujours s'y faire soigner leur mal de dos.
La crypte de la chapelle des Sept-Saints, sur la commune de Vieux-Marché dans les Côtes-d'Armor,
n'est autre qu'un dolmen âgé de 4 à 7.000 ans.
À Carnac, la chapelle Saint-Michel a donné son nom au tumulus sur lequel elle a été
construite et qui renferme un dolmen à couloir de l'époque néolithique.
Faisant corps et incrustée avec la falaise, la chapelle Saint-Gildas à Saint-Nicolas-des-Eaux dans laquelle on trouve une pierre sonnante,
est une transition typique avec les dolmens, le Blavet qui s'écoule à ses pieds apportant une énergie particulièrement
apaisante sur le site.
En parcourant ces sites, on observe qu'un fil conducteur les relie : la présence d'énergies revitalisantes et
de vertus curatives...
C'est ainsi par exemple qu'on peut observer la présence d'un menhir lié au culte de fertilité accolé à la cathédrale
Saint-Julien, au Mans.