La répartition des sites connus des cultes thérapeutiques autour des fontaines
en France est à peu près partagée par un axe Nord-Est / Sud-Ouest, comme le démontre ci-contre la carte extraite de l’ouvrage très documenté de Brigitte Caulier : L'eau et le sacré, qui tient notamment compte de deux éléments :
- L'usure du temps, avec en corollaire la détérioration et l'oubli de leurs vertus thérapeutiques.
- Leur destruction, le clergé ayant de tout temps vu d'un mauvais oeil le culte des eaux guérisseuses.
Dans bon nombre de cas, un accord tacite entre paganisme et christianisme a permis leur sauvegarde, la présence d'un saint ou d'une sainte ayant permis
un consensus, ce qui nous permet aujourd'hui de pouvoir encore bénéficier
d'un grand nombre de ces sites toujours en activité, dont beaucoup sont parfaitement conservés et restaurés.
Qu'elles soient physiques, économiques ou spirituelles, nos ancêtres ont subi bon nombre de dominations au fil des siècles, ils ont cependant continué à se rendre
sur leurs lieux "sacrés", lieux cultuels, d'assemblées ou lieux guérisseurs sur
lesquels encore aujourd'hui les pèlerins se rendent avec la même ferveur, pour obtenir les bienfaits de ces sources, un grand nombre d'enceintes "sacrées" ayant été préservées de générations en générations.
Les plus recherchées concernent plus particulièrement la fécondité, le langage et la marche des enfants, ainsi que les fièvres, nos amis les animaux n'étant pas oubliés non plus.
Écoutons Pierre Babonneau (Arzh Bro Naoned), dans son ouvrage Pierres et Eaux, qui nous propose ses connaissances et son expérience... "Dans le monde matérialiste où nous vivons, il nous est difficile d'avoir une idée précise de la force d'imprégnation que constitue un rituel, la puissance du Verbe sur les éléments et leur mémoire.
Cette démarche d'approche des lieux cultuels avec un autre regard nous permet d'appréhender le sens du sacré
et de découvrir les énergies omniprésentes, la hiérarchie des énergies étant autrefois mieux connue et utilisée en Celtie pour le bien-être de tous..."
Sur le plan symbolique
En se rendant sur un lieu réputé guérir ou soulager telle ou telle affection, le pèlerin entreprend une
démarche physique et psychique, il se prépare au voyage et se met en condition pour obtenir sa guérison, il
lui est souvent conseillé de se priver de vin et de viande.
La pérégrination étant une rupture avec la vie quotidienne, le grand principe étant de se déplacer pour guérir,
le pèlerin effectuant l'effort d'aller jusqu'à la source guérisseuse où il va donner son mal et remporter la guérison.
Le choc émotif nécessaire ressenti lors du rituel accompli seul ou avec la communauté, exalte la pratique
grâce à la volonté qui l'accompagne, la décision de guérir trouvant son aboutissement sur le lieu sacré, qui du
fait de sa consécration et de sa mémoire vibre intensément, arrivé en état de faiblesse, le pèlerin repart avec
les forces puisées qui lui permettent de se régénérer et de chasser la maladie.
Les dates choisies pour les pèlerinages correspondant à l'époque où l'efficacité salutaire est la plus grande,
moments ou les conjonctions entre le ciel et la terre sont les plus puissantes.
Le pèlerin est accueilli et conduit après purification dans une chambre dite "chambre d'incubation", où il se
prépare ainsi au songe thérapeutique, isolement, silence, jeûne, concourent à mettre le malade en état de
réceptivité, par le rituel, l'eau n'étant plus ordinaire et devenant "extraordinaire" et il paraît difficile de nier
"la fameuse mémoire de l'eau" après l'acte rituélique.