Le syndrome du "bâtiment malsain" est apparu aux environs des années 1980 par la manifestation de troubles survenant auprès du personnel d'immeubles de bureaux chaque début de journée, et qui disparaissaient le soir, lors de leur retour à leur domicile.
Des études épidémiologiques ont mis en évidence l’origine et l'association de différents cofacteurs entraînant une baisse de la qualité du travail et une augmentation du taux d'absentéisme, comme le manque de ventilation naturelle, la climatisation, certains types d'éclairage, mais aussi et surtout la présence de nombreux gaz toxiques, générant maux de tête, rhinite allergique, nausée, conjonctivite, inflammation de la peau, problèmes neurologiques et respiratoires (dont l'asthme), le point commun de ces symptômes étant qu’ils survenaient uniquement à l'intérieur de locaux professionnels, c’est ainsi que ces allergies professionnelles furent dénommées "syndrome du mal des bureaux".
Une liste exhaustive de ces polluants étant difficile à établir, on en retiendra cependant trois catégories principales :
- les polluants chimiques, comprenant les composés organiques volatils, le monoxyde de carbone,...
- les polluants physiques : certaines fibres artificielles, certaines particules,...
- ainsi que les polluants microbiologiques : les bactéries, les moisissures,...
Plusieurs de ces polluants ayant déjà fait l’objet d’actions publiques importantes, (l’amiante, le plomb,…) et leur utilisation étant maintenant interdite, on évitera plus particulièrement d’employer les matériaux contenant...
Des composants organiques volatils (COV), qui regroupent des
composés chimiquement différents : hydrocarbures aromatiques, benzène, toluène et xylène, formaldéhyde*, phénol,
urée-formol, cétones, acétone, alcools, alcanes, aldéhydes,... proviennent principalement de matériaux issus de la
pétrochimie et de leurs dérivés, et sont présents dans d'innombrables matériaux et produits, qui, une fois mis en
place, s'évaporent sous l'effet de la chaleur et de l'humidité, et peuvent atteindre rapidement un taux de
concentration important, les toxiques se fixant alors dans certains matériaux (les tissus, les moquettes, les
cartons...) qui les rediffuseront lentement, lorsque les sources sont multiples et le renouvellement de l'air
insuffisant.
Ces composants pouvant inhaler parfois pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, leur caractéristique
principale étant de s'échapper des produits et des matériaux pour se concentrer dans l'air intérieur, et avérés
nocifs pour la santé, ils peuvent provoquer des pathologies allant de l’irritation de la peau et des muqueuses, aux
nausées, maux de tête, voire entraîner une altération de la fertilité, ou générer certains cancers, parmi lesquels,
citons notamment :
Certaines fibres artificielles... considérées comme pathogènes, ces fibres étant
principalement libérées dans l’air lors de leur mise en place ou de leur enlèvement, et à dose plus infime elles
pourront polluer l’air ambiant toute leur durée de vie...
Certains produits de traitement du bois... si le bois brut est le plus naturel des
matériaux, les produits employés pour son traitement et son imprégnation contiennent des substances souvent
dangereuses pour la santé et nuisibles pour l'environnement qui vont rediffuser dans l'atmosphère, tous des
pesticides (biocides), fongicides, bactéricides et insecticides, à base de composés organochlorés (soit de chlore) :
DDT, lindane, dieldrine, PCP (pentaclorophénol), PCB (polychlorobiphényles), carbonyle, dinitrophénol, fluorure de
sodium,...
Les métaux lourds... présents partout dans notre environnement, qui proviennent de
sources multiples : l'industrie, les produits chimiques, les gaz d'échappement, certains sols pouvant également
être contaminés, les principaux étant le plomb, le cadmium, l’étain et le mercure, des concentrations élevées
pouvant s’avérer nocives pour notre santé.
Ou encore du PVC... ou polychlorure de vinyle, qui est né au début du XXème siècle
d’un déchet que produisait en grande quantité l’industrie chimique : le chlore, qui depuis sa fabrication jusqu’au
stade ultime de son élimination, fait courir de grands dangers à notre santé et à notre environnement... On lui
préfèrera le polyéthylène (PE) ou le polypropylène (PP) nettement moins toxiques et polluants lors de leur
fabrication et de leur recyclage.
Lors d’une rénovation ou d’une construction, on évitera d’employer certains matériaux et isolants...
Les polystyrènes, composés de mousse de polystyrène expansée obtenue à partir d’hydrocarbures (styrène)
expansés à la vapeur d’eau et au pentane afin de présenter une structure à portes ouvertes, le polystyrène
extrudé, issu d’un procédé similaire, est soumis en outre à un agent gonflant sous pression.
Conductivité thermique : lambda* = 0,028 pour le polystyrène expansé et 0,035 pour le
polystyrène extrudé. * Plus la valeur du lambda est faible, plus le matériau est isolant, plus elle sera forte, plus
le matériau sera conducteur, soit de performances isolantes
moindres. Énergie grise : 450 kWh/m3 (pour le polystyrène expansé), 850 kWh/m3 (pour le polystyrène extrudé). Les polyuréthanes, composés de mousse de polyuréthane obtenue à l’aide de catalyseurs et d’agents propulseurs
à base d’isocyanates, et d’adjuvants pour stabiliser (silicones) ou pour ignifuger, le gaz expanseur, à
l’origine du chlorofluocarbone (CFC) a été remplacé par du HCFC. Ce type d’isolant pourra servir ponctuellement pour isoler certaines parties comme l’arrière de radiateurs, une
porte de garage, une chambre froide, ou des protections solaires. Conductivité thermique : lambda = 0,025 pour les panneaux et 0,030 kWh/m3 pour les mousses. Les mousses urée-formol, phénoliques, de polychlorure de vinyle, les mousses de synthèse, surtout employées
dans les années 70-80, utilisant des agents d’expansion gazeux et des additifs destinés à les rendre
incombustibles, elles étaient utilisées en panneaux et en injections. Impact sur l’environnement et sur la santé : extrêmement nocives pour l’environnement et pour la santé,
elles ont été fortement réglementées, et ont progressivement disparu du marché, on peut cependant les
retrouver lors de travaux de rénovation ou de démolition. Les polyesters, des isolants en fibres de polyester issus de la pétrochimie qui présentent beaucoup moins
de risques pour la santé que les produits de synthèse ci-dessus. Conductivité thermique : lambda = 0,035 kWh/m3. Les isolants réflecteurs minces, conçus à l’origine pour des utilisations particulières dans l’industrie
aéronautique, les véhicules frigorifiques ou la construction nautique. Constitués de films réflecteurs à base d’aluminium et de mousses synthétiques à cellules fermées,
ces isolants fonctionnent essentiellement à partir de la propriété de l’aluminium de réfléchir les rayonnements
caloriques. Conductivité thermique : ces films ne peuvent pas présenter de lambda
à proprement parler, ni de résistance thermique R basée sur l’épaisseur, leur capacité isolante étant cependant
avérée.
Impact sur l’environnement : à base d’hydrocarbures (donc de ressources non renouvelables), génère des
dégagements de pentane (pollution de la couche d’ozone, effet de serre), de HFC (en remplacement des
chlorofluorocarbones (CFC), composants non recyclables.
Impact sur la santé : dégage du styrène à la chaleur, une substance neurotoxique, développe des champs
électrostatiques importants, matériaux hermétiques ne donnant pas de capacité de respiration au bâti.
Énergie grise : 1.000 à 1.200 kWh/m3.
Impact sur l’environnement : à base d’hydrocarbures (donc de ressources non renouvelables), génère des
dégagements de pentane (pollution de la couche d’ozone, effet de serre), de HFC (en remplacement des
chlorofluorocarbones (CFC), composants non recyclables.
Impact sur la santé : les isocyanates issus d’un processus de fabrication complexe à base de chlore
libèrent des amines, des substances nocives, matériaux hermétiques ne donnant pas de capacité de
respiration au bâti.
Énergie grise : 600 kWh/m3.
Impact sur l’environnement : à base d’hydrocarbures (ressources non renouvelables).
Impact sur la santé : pas de dégagements toxiques identifiés, produits reconnus
anallergiques, matériaux hermétiques ne donnant pas de capacité de respiration au bâti.
Énergie grise : (mousses de synthèse et aluminium).
Impact sur l’environnement : ressources non renouvelables, issus de la
pétrochimie.
Impact sur la santé : ces films ne présentent en principe pas de dégagements toxiques, mais il s’agit d’un
matériau totalement hermétique ne donnant pas de capacité de respiration au bâti (principe de la bouteille
thermique).